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Michèle Gellereau : Synthèse des principaux résultats de l'étude TEMUSE 14-45

Résumé

La synthèse du projet de recherche TEMUSE 14-45 prend pour point de départ les trois objectifs fixés au début du contrat : celui de travailler à la prise de conscience avec les collectionneurs, conservateurs ou animateurs de l'importance des enjeux de la valorisation collective des connaissances des collectionneurs et témoins dans un contexte muséal ; celui de sauvegarder les connaissances et les savoirs détenus par les collectionneurs sur leurs collections d'objets de deux guerres ; et, enfin, celui de capitaliser et valoriser les témoignages de collectionneurs comme matériau de médiation et d'interprétation dans le cadre de la mise en réseau.
Dans cette présentation, il s'agit de décliner les cheminements et les principaux résultats en montrant comment, en tant que chercheurs en information-communication nous avons pris la question de la médiation comme axe central de l'enquête et de l'analyse en étudiant les pratiques des collectionneurs et témoins dans leurs activités de médiation et en recherchant des modes de valorisation possible. La mise en évidence des étapes de travail, des choix méthodologiques et de quelques points saillants des travaux (comme ceux du lien entre les hommes et les objets dans une perspective de transmission, de la biographie de l'objet, du rapport du collectionneur au territoire et aux institutions, des liens avec les publics, du rôle des collectionneurs et témoins dans le processus de patrimonialisation d'une mémoire vivante) sert d'introduction aux communications suivantes des membres de l'équipe-projet TEMUSE qui approfondiront plusieurs des thématiques travaillées.

Fort de Seclin
Fort de Seclin


Comprendre, interpréter et valoriser la mémoire des témoins et des collectionneurs d'objets des deux Guerres mondiales : synthèse des principaux résultats de l'étude TEMUSE 14-45


Introduction

Le travail de synthèse de notre recherche TEMUSE 14-45, dont nous allons présenter brièvement les grands axes dans ce Symposium, se situe à cette date du 13 septembre 2012, à une étape qui est à la fois celle de la fin d'un parcours de recueil de données et d'analyse et celle déjà engagée de modalités de valorisation de la mémoire des témoins et collectionneurs et qui se clôturera en tant que « Projet » en juin 2013. Mais il n'est pas la fin d'une réflexion et d'une mise en visibilité et en valeur de ces mémoires, puisque son objectif même est de produire des propositions et expérimentations de modes de valorisation et de capitalisation de cette mémoire. Il s'agit de rendre notre travail partageable et de rechercher comment ces mémoires seront saisissables par d'autres ; quels sont les dispositifs de communication et de médiation qui vont les rendre intelligibles et transmissibles ? C'est pourquoi les membres de l'équipe-projet TEMUSE, présenteront ici dans un même mouvement, l'analyse de ce que qu'ils ont compris du monde des collectionneurs et témoins avec lesquels ils ont travaillé et les premières propositions expérimentales de transmission / valorisation. Tout l'enjeu nous semble être de comprendre et apprécier la richesse de ces mémoires pour les rendre partageables à la fois par les spécialistes des musées, des chercheurs de différentes disciplines, des institutions territoriales, c'est-à-dire, de faire du « commun partagé » (Rancière, 2007) où chacun peut trouver sa place et les formes d'activité qui le caractérisent.

Dans cette première présentation, il s'agit donc de décliner les cheminements et les principaux résultats de notre étude en montrant comment, en tant que chercheurs en information-communication, nous avons pris la question de la médiation comme axe central de l'enquête et de l'analyse en étudiant les discours et pratiques des collectionneurs et témoins dans leurs activités de médiation et en recherchant des modes de valorisation possible.


I – Un bref rappel des objectifs, des étapes de notre recherche et des grands axes de nos résultats

Le projet TEMUSE 14-45 : « Valoriser la mémoire des témoins et des collectionneurs d'objets des deux Guerres mondiales : médiation, communication et interprétation muséales en Nord-Pas de Calais et Flandre occidentale » est mené par des chercheurs du laboratoire GERiiCO (1) (Groupe d'Études et de Recherche Interdisciplinaire en Information et en Communication) de l'Université Lille 3, en association depuis 2012 avec le laboratoire De Visu de l'Université de Valenciennes. Il est réalisé dans le cadre du projet transfrontalier INTERREG TransMusSites 14-45 (TMS 14-45) de mise en réseau de musées et sites des deux Guerres mondiales dans les Départements du Nord, du Pas-de-Calais et la Province de Flandre occidentale, dont le Département du Nord est chef de file.

Si ce projet a pu naître, c'est dans le cadre d'une mise en réseau (2) qui prend en compte le nombre important de petits et moyens musées créés par des collectionneurs d'objets des deux Guerres mondiales ou avec le concours de témoins et de collectionneurs. Certains de ces collectionneurs animent également des sites et des lieux de mémoire (parcours sur les anciens champs de bataille, cimetières, monuments aux morts, etc.) qui accueillent des publics tant français et belges que britanniques, allemands, canadiens, australiens, indiens, etc. Nous ne nous trouvons pas ici dans des « grandes institutions », mais au cœur des pratiques associatives de particuliers ou groupes de passionnés, fréquemment bénévoles qui proposent des modes de médiation aussi bien narrative que scénographique et qui contribuent à la transmission et à la valorisation de la mémoire des deux Guerres. C'est donc d'abord un travail de reconnaissance qui s'opère ici, même si l'on sait que cette médiation muséale et la capacité de ces acteurs à transmettre leurs savoirs sur les objets et leurs usages restent encore trop peu reconnues par le monde muséal et peu explorées par la recherche académique.


1 – Objectifs et positionnement

L'objectif principal du projet TEMUSE 14-45 est de proposer une méthodologie permettant la sauvegarde et la transmission de la mémoire détenue par les collectionneurs et donateurs d'objets des deux Guerres mondiales en vue de sa valorisation muséale.
Les trois objectifs fixés au projet en janvier 2010 sont :
  1. celui de travailler à la prise de conscience avec les collectionneurs, conservateurs ou animateurs de l'importance des enjeux de la valorisation collective des connaissances des collectionneurs et témoins dans un contexte muséal ;
  2. celui de sauvegarder les connaissances et les savoirs détenus par les collectionneurs sur leurs collections d'objets de deux Guerres;
  3. et, enfin, celui de capitaliser et valoriser les témoignages de collectionneurs comme matériau de médiation et d'interprétation dans le cadre de la mise en réseau.
Au regard de notre positionnement et de la spécificité de notre approche, ces trois objectifs nous semblent indissociables. Car cette prise de conscience se fait actuellement dans un cercle très restreint. Les musées et chercheurs avec qui nous travaillons sont acquis à ce type de propos ; on pourrait dire que nous sommes ici quelques militants mais que l'acceptation par un nombre important de conservateurs, d'historiens n'est pas acquise. Pour convaincre, il reste essentiel de diffuser ce qu'est la spécificité de ce savoir et de trouver les modalités de sa sauvegarde et de sa diffusion.

Un positionnement disciplinaire : notre sujet d'étude est la question de la transmission, des modes de patrimonialisation, de la mise en public de savoirs, d'expériences et de connaissances ; notre étude part du présent, notre propos n'est pas l'histoire mais le rôle que joue le collectionneur, le donateur ou le témoin dans cette mise à jour des traces de faits historiques et des processus mémoriels ; car si l'on se souvient, c'est aussi parce qu'un jour quelqu'un a retrouvé des objets-témoins qu'il a collectionnés ou achetés, documentés ; et si l'on veut que les générations qui suivent s'emparent des connaissances, il est important de leur montrer que c'est un travail et quel est ce travail. Il s'agit donc d'abord de comprendre des démarches et des formes de transmission, de les analyser dans leurs contextes pour réfléchir à leur valorisation. C'est dans cette optique que les porteurs de projet ont sollicité des chercheurs spécialistes de médiation culturelle et de scénographie multimédia, au sein des laboratoires de recherche en information communication : pour qu'ils analysent les activités de médiation et de mise en scène muséales des collectionneurs et témoins en fonction de la mise en public des objets et proposent des scénographies de diffusion et valorisation de ces « mémoires ».

Une approche : ce qui nous intéresse c'est de saisir les acteurs dans leurs activités de médiation, d'observer la manière dont ils construisent des liens avec les objets pour les faire « parler » ; ce qui implique que nous nous intéressons aux dispositifs d'exposition, au discours, à la narration comme moyen d'explication et d'implication du visiteur et du public et aussi que nous mettions en place une méthodologie de travail par l'audiovisuel, pour capter des formes d'expérience et de rapport aux objets. Dans leurs communications, Émilie Da Lage, Yannick Lebtahi, Samuel Gantier et Tiphaine Zetlaoui reviennent largement sur l'importance de cette méthodologie de recueil de données.

Notre première volonté a donc été de réunir au sein des laboratoires GERiiCO et De Visu une petite équipe dont les membres avaient des compétences complémentaires, sur les questions de médiation culturelle, de visite, de patrimoine, de collection, de documentation, de sociologie, d'audiovisuel et de multimédia.

Bien sûr, il nous a semblé aussi fondamental d'éclairer nos travaux par les avis de collègues historiens, géographes, muséologues et la diversité des disciplines réunies pour le Symposium montre l'importance d'un regard interdisciplinaire sur les questions traitées. Plusieurs communications de collègues invités à ce Symposium enrichissent d'ailleurs cette réflexion de points de vue diversifiés (3).
Un des axes forts du projet est surtout de travailler constamment en lien avec les animateurs des structures muséales, les collectionneurs, nos commanditaires du département du Nord et partenaires de TMS 14-45 non seulement pour répondre aux exigences d'un projet construit dans un cadre contractualisé, mais bien pour avancer sur un projet commun de recherche (4).
Notre objectif est également de faire avancer la recherche notamment sur les questions de la transmission patrimoniale, de la participation des amateurs à la construction patrimoniale, du rôle de l'audiovisuel et du multimédia dans la transmission des mémoires. Mais nous ne sommes pas non plus un bureau d'étude en ingénierie et toutes nos propositions de valorisation ont une vocation expérimentale, dont les acteurs s'empareront ou non dans des projets ultérieurs.


2 – Terrains et méthodologie : une récolte de « mémoire vivante » dans le cadre du programme TransMusSites 14-45

La première étape du projet TEMUSE 14-45 a été de sélectionner les lieux d'enquête et de constituer un corpus.

En voici la liste à ce jour :

= Les musées et collectionneurs, partenaires du programme TMS 14-45, qui ont accepté de participer à cette première phase de l'étude sont:
Fort de Seclin à Seclin, entretiens avec A. et S. Boniface ; Musée de la cité d'Ercan à Erquinghem-Lys, entretiens avec J. Thorpe et F. Vandermeersch ; Fort de Leveau à Feignies, entretiens avec P. Camberlain, G. Michelot ; In Flanders Fields Museum à Ypres, Musée de Hooghe, Tour de l'Yser à Dixmude, entretiens avec P. Oosterlinck ; Musée Alexandre Villedieu à Loos-en-Gohelle, entretiens avec D. Payen et A. Duparcq ; Musée de Fromelles à Fromelles, entretiens avec J.-M. Bailleul, J. M. Doual, M. Delebarre ; Musée de D. Browarski à Neuville-Saint-Vaast, entretien avec D. Browarski ; Musée d'histoire et d'archéologie d'Harnes, entretiens avec Y. Defasque et G. Bacquez ; Musée de la Résistance à Bondues, entretiens avec H. Priego et donateurs.

In Flanders Fields Museum

De fait, c'est sur la base du volontariat, d'abord en lançant un appel lors d'une réunion TMS 14-45 puis en visitant quelques lieux que nous avons rencontré les structures et collectionneurs avec qui nous avons travaillé. Nos terrains ne sont donc pas représentatifs en général du monde des collectionneurs d'objets de guerre ; d'une part parce qu'ils respectent un périmètre précis de projet INTERREG IV et de ses acteurs et surtout parce que nous n'avons travaillé qu'avec des collectionneurs qui exposent dans des musées, font eux-mêmes la médiation de leurs collections et qui par ailleurs ont été intéressés par notre démarche. Or on sait que beaucoup de collectionneurs préfèrent garder leurs collections privées. C'est pourquoi nous pensons plus pertinent de parler de « collectionneurs-médiateurs » et envisageons de respecter la spécificité de chaque lieu pour proposer des modes de valorisation...

Par ailleurs, les données recueillies sont très diverses selon les terrains d'enquêtes : celles liées à la Première Guerre mondiale et celles recueillies sur la Seconde Guerre mondiale sont de nature relativement différentes, compte tenu des lieux sélectionnés qui parfois sont centrés uniquement sur la Grande Guerre, d'autres fois sur les deux Guerres ou l'histoire plus longue des lieux ; les données recueillies sur les collections de la Première Guerre sont prédominantes car d'une part en Flandre Occidentale c'est la 1re Guerre qui entre dans le projet TMS 14-45, d'autre part le contexte du Centenaire reste prégnant. Pour la 2deGuerre, comme le montre Geoffroy Gawin (5), c'est le thème de l'occupation et de la Résistance qui domine, avec des témoins encore vivants, ce qui n'est plus le cas de la Guerre 14-18.
Nous avons aussi travaillé avec des animateurs de musées qui sont parfois collectionneurs, et d'autres qui animent des collections qui ne sont pas les leurs.

Musée de la Résistance de Bondues (Fort Lobau)
Musée de la Résistance de Bondues (Fort Lobau)


Comme l'ont montré les tableaux de présentation des sites que nous avons réalisés (cf. Rapport intermédiaire TEMUSE de janvier 2011) (6), les musées sont aussi de types différents : ce que certains comme Anne Doris Meyer appellent « musées de collectionneurs » pour désigner des musées qui sont issus d'une collection déjà constituée dans un lieu marqué par la présence du collectionneur (c'est le cas pour le musée de Donald Browarski ou de la famille Boniface à Seclin) sont à la fois différents et semblables de ceux des associations liées à une collectivité à partir de collections de collectionneurs fondateurs (comme à Fromelles ou Erquinghem) ou liées à un lieu ou des événements (Musée de Ypres, Fort Leveau, Musée de Harnes, Villedieu à Loos). Différents dans la démarche globale (mise en scène d'une collection ou intégration dans un parcours plus global de commémoration d'une histoire) mais semblables dans leur volonté de donner vie à des objets-témoins et parfois dans leurs problèmes de pérennisation de la collection.
À cette date, certains lieux sont aussi en pleine évolution et transformation comme Ypres et Fromelles.

Ancien musée de Fromelles (Photo Nordéclair)
Ancien musée de Fromelles (Photo Nordéclair)


Nous avons fait aussi des incursions, sans doute insuffisantes dans des mondes proches : ceux de collectionneurs qui n'exposent pas en musée mais qui participent à des reconstitutions.

Cette diversité des cas n'a cependant pas empêché de trouver un fil conducteur à notre recherche : comprendre des modes de transmission de la mémoire des collectionneurs et des témoins, leur manière d'être médiateurs d'objets-témoins des conflits et rechercher des modalités de valorisation partageables dans un contexte de mise en réseaux.


3 – Protocole méthodologique et déroulement des principales étapes du projet

La première étape du projet TEMUSE 14-45 a été de constituer le corpus d'étude. Celui-ci est composé en janvier 2012 d'une part, d'une description analytique de musées partenaires du projet et de leurs sites Internet et d'autre part, de 17 entretiens de collectionneurs, réalisés en situation de visite et de geste de médiation, sur les sites d'exposition de leurs collections.

Les entretiens ont été menés suivant une grille structurée autour de thèmes de la biographie du collectionneur, du processus de la constitution de la collection, du discours pour donner du sens à la collection et à ses objets, de la biographie de l'objet, de la médiation et la « mise en scène » de l'objet. Durant l'entretien, chaque collectionneur choisit et commente une dizaine d'objets qu'il considère comme exemplaires et représentatifs de sa démarche de collectionneur et de médiateur. Afin d'étudier la médiation discursive et non discursive du collectionneur, tous les entretiens ont été retranscrits et filmés. Une telle démarche, centrée sur l'observation des activités incarnées, situées et réflexives vise à mieux appréhender la manière dont les collectionneurs organisent et rendent intelligibles leur « monde » dans le cadre de situations d'interactions comme le montreront les contributions suivantes.

Ce protocole méthodologique a fait l'objet de validation lors de journées d'études ou de réunions organisées avec les collectionneurs, les responsables de musées, les porteurs du projet TMS 14-45 et également des chercheurs de différentes disciplines.

À l'issue de cette première phase de constitution du matériau d'étude, un travail d'analyse communicationnelle a été réalisé par l'équipe sur les documents textuels et audiovisuels issus des entretiens. La grille d'analyse a été construite autour de plusieurs catégories et thèmes : la dynamique de constitution de la collection, la question de la passion dans la pratique du collectionneur, la biographie et les valeurs de l'objet, le lien des objets avec les hommes, le rapport du collectionneur au territoire et aux institutions, le rôle des collectionneurs comme enquêteurs documentant les objets et partie prenante de la collection, le lien avec les publics dans un travail de transmission. Les résultats de cette étape du projet ont été exposés lors d'un Workshop (6-7 juin 2011) et présentés dans un rapport de synthèse (7).


4 – Présentation de quelques thèmes et pistes de recherche sur le travail des collectionneurs dégagés par l'analyse jusqu'en janvier 2012

Notre analyse, toujours en cours, fait notamment apparaître que les collectionneurs participent de manière essentielle aux processus de patrimonialisation d'une mémoire vivante. Ceux avec qui nous avons travaillé jouent un rôle moteur autant tant dans la recherche, l'interprétation, la documentation et la valorisation des traces (de guerre, d'usages des objets...), que dans la constitution d'un tissu muséologique et dans la dynamisation d'un territoire.

Leurs logiques de constitution des collections se construisent dans des contextes liés à la biographie du collectionneur, à un plaisir et une connaissance intime des objets, au développement d'une expertise scientifique dans un contexte territorial et international et au projet de médiation pour des publics internationaux. Les logiques à l'origine de collections, centrées sur l'objet ou la série, sont souvent suivies de logiques thématiques, liées à une histoire plaçant l'homme au centre, au travail de deuil et à la volonté de transmettre. Le plaisir, la passion et la connaissance fine liée au travail sur l'objet sont omniprésents dans les pratiques de collectionneurs. La reconstitution d'une biographie de l'objet et ses significations acquises au fil du temps, les valeurs qui lui sont accordées se conjuguent souvent avec une reconnaissance de ces objets comme traces des hommes considérés comme victimes et héros auxquels il est possible de s'identifier sans toutefois se projeter dans des actes de violence. Ainsi, nombre d'objets présentés sont des objets du quotidien et, dans le cas des armes, les explications se centrent plus sur les techniques d'amélioration de la protection des hommes que sur celles de leur capacité à donner la mort. Par ailleurs, le travail de ces collectionneurs est un travail de « preuve » plus que d'histoire : pour eux le travail d'exhumation et de deuil est toujours en cours. Peu enclins à se voir comme experts (ce qu'ils sont à nos yeux de chercheurs), les collectionneurs interrogés se présentent comme des praticiens dont l'érudition relève de l'art du « connaisseur », du passionné et aussi du médiateur d'événements (expositions, parcours...) travaillant à des idées de scénographies et mises en contexte des objets. Les publics apparaissent aux yeux de ces collectionneurs comme des partenaires.

Ces quelques pistes sont amplement développées dans le document de synthèse des résultats d'analyse de la phase d'étude (joint à ce rapport) et certains thèmes seront repris dans les communications du Symposium.

L'enquête menée principalement par Geoffroy Gawin sur les donateurs d'objet (Harnes et Bondues) et les témoins intervenants pour les scolaires (notamment au musée de la Résistance de Bondues) a, quant à elle, nécessité une méthodologie un peu différente.
Nos grilles d'enquêtes sur les collectionneurs ont dû être revues, car inadaptées aux donateurs, qui peuvent être des donateurs se délestant d'une charge et donc détachés ensuite de ce qui arrive à l'objet dans le musée, ou des donateurs intéressés par le devenir muséal de l'objet mais non médiateurs ou encore des donateurs médiateurs (notamment les anciens résistants-médiateurs). Par ailleurs, comme nous le montrera Geoffroy Gawin, les rapports aux objets sont différents selon leur période d'origine, l'absence ou non d'anonymat des combattants ; les relations instaurées par le don peuvent être complexes et donnent lieu à des pratiques de documentation et de médiations différentes. Celles des objets du Premier conflit mondial attribuent une place importante à l'humain en général et à la désingularisation des morts, alors que celles qui concernent des objets issus de la Résistance présentent des figures exemplaires et des récits de vie. Qu'il s'agisse de médiation ou d'authentification des objets, les connaissances mobilisées par les anciens résistants-donateurs proviennent de leurs propres souvenirs, tandis que celles mobilisées par les collectionneurs proviennent plus de leur travail documentaire. Les témoignages en public d'anciens résistants ont également donné lieu à une méthodologie spécifique d'analyse car la figure du résistant-héros donne lieu à des formes de médiation fondées sur l'exemplarité.

La dernière phase du projet TEMUSE 14-45, actuellement en cours, et qui dure jusqu'en juin 2013, vise à proposer, sur la base des analyses effectuées et de leurs résultats, des perspectives de transmission et de valorisation de la mémoire de collectionneurs et de donateurs d'objets des deux Guerres mondiales. Il ne s'agit pas ici de proposer des scénarios tous prêts pour des publics potentiels mais de relever des points forts et capitalisables de ces mémoires pour trouver, selon le projet du lieu en lien avec la mise en réseau, des modes de médiation adaptés. Plus concrètement, cette phase du projet se traduit en réalisation de plusieurs expérimentations permettant la transmission et la valorisation de telles connaissances et savoirs que nous exposerons Agnieszka Tona (La préservation et la transmission des « mémoires » et de leurs spécificités dans le cadre du projet TEMUSE), Alain Lamboux-Durand et Pascal Bouchez (Protocoles de remémorisation audiovisuelle de l'expérience de collectionneurs, donateurs et témoins : exemples sur quatre sites du projet TEMUSE 14-45).
Notamment, pour exemple : quelques formats audiovisuels courts à insérer dans la base de données des inventaires des objets et mettant en valeur les savoirs et compétences du collectionneur ; réflexion pour la réalisation d'un document multimédia adaptatif à destination des publics... Cette phase du projet est menée par l'équipe-projet TEMUSE en étroite collaboration avec le laboratoire De Visu de Valenciennes et les musées concernés.

Afin que l'ensemble des données recueillies dans cette recherche soient partagées et capitalisées, nous remettons aux musées et sites concernés ainsi qu'à notre commanditaire les enregistrements, transcriptions et productions effectués ; nous prévoyons aussi, courant 2013, le dépôt des données du projet aux Archives Départementales du Nord.


II – Retour sur deux questions de recherche

Je voudrais revenir sur deux questions spécifiques à mes propres travaux et sur lesquelles mes collègues ne reviendront pas. Celles du rôle du collectionneur dans l'interprétation du territoire et celle de ce que nous appelons la mise à jour de « la biographie de l'objet » (8) et surtout du rôle des collectionneurs et témoins dans la patrimonialisation des objets.


1 – Le rôle du collectionneur dans l'interprétation du territoire : donner du sens aux traces dans un lien avec le territoire

Une caractéristique des lieux qui nous semble importante est que nous ne sommes pas dans des « musées de guerre ». Nous sommes dans des musées de lieux, ou de territoire ou de personnes qui témoignent des effets de la guerre sur leurs terres et les populations. La période historique et la mémoire de la guerre sont toujours mêlées à d'autres mémoires et d'autres lieux. Nous sommes aussi dans un territoire spécifique, certains intervenants des tables rondes en parleront lors de ce Symposium, mais surtout dans un contexte politique global, celui de commémorations qui visent à produire les bases d'une mémoire commune européenne et donc repositionnement des acteurs et des expertises. C'est une question politique que je ne traiterai pas ici, mais dont il faut se souvenir pour comprendre les démarches en cours, et être vigilant en tant que chercheur, pour comprendre où est notre place. Les collectionneurs et témoins participent à l'organisation des évènements commémoratifs et cela influe sur leurs discours de médiation. Plusieurs collectionneurs ou animateurs nous ont dit avoir joué un rôle dans les exhumations ou aider certaines familles à retrouver les traces d'un membre disparu alors qu'elles viennent de l'étranger entreprendre des recherches. Il s'agit donc de pratiques engagées.

Nombre des collectionneurs ou témoins interviewés expliquent souvent leur passion par leurs liens avec le territoire. Comme le souligne M.D. : Et bien sûr [...] nous vivons dans un village de France où mes grands-parents ont payé un large tribut à la guerre [...]. Donc est-ce conséquence de tout cela que cette vocation m'est venue de ramasser tous ces objets et de parler de tout cela ? [M.D.]
P.O. précise que quelque chose qui a rapport à Verdun, ça ne m'intéresse pas, parce que ce n'est pas la zone d'intérêt, [...] donc je ne peux pas utiliser ça dans mon thème d'exposition, qui va de Menin, jusque Newport ou le front belge. [P.O.]

Ce que ces collectionneurs nous montrent, ce sont les objets qui symbolisent la vie du front ou des populations du territoire et ils situent leurs compétences dans leurs connaissances du terrain, de la vie sociale et politique, ce qui leur permet de documenter finement les objets, d'expliquer leur circulation et réinterprétations (Jeanneret, 2008). Le propre de ces petits et moyens musées est justement d'être ancrés localement ou régionalement et le rôle du collectionneur, du donateur ou du témoin est ici fondamental pour nourrir les institutions de ses connaissances, construites par la fréquentation des objets-traces et de leurs lieux d'origine. De fait, le processus de patrimonialisation est toujours en cours, et les collectionneurs et acteurs de ces lieux participent à des réinterprétations du territoire, dans une « dynamique du maintenant vers le demain » (Morisset, 2009). Dans la valorisation de ces mémoires, il me semble que se joue ici la spécificité de ces musées par rapport à d'autres grands musées.

Cette diversification des interprétations est soutenue par les collectivités territoriales en contexte de projet européen ou international, avec toutefois le souhait que le territoire d'accueil en retire des bénéfices en termes de retombées locales et de construction identitaire d'une interrégion ouverte sur l'Europe et le monde.
Là encore, une des spécificités du territoire transfrontalier est de confronter les approches dans la construction des liens avec des publics internationaux (comme le dit J.T. en franchissant la porte du cimetière d'Erquighem-Lys, « ici, nous sommes en Angleterre »). La richesse du discours sur les objets est celle de la fréquentation de publics internationaux.

Comme nous l'avons exposé lors d'une communication dans un colloque sur le patrimoine (Gellereau, Zetlaoui, 2011), les médiateurs vont « rechercher et documenter les objets à partir d'une connaissance de toutes les interprétations existantes. (...). On constate donc que dans ces musées dits “de territoire” les collectionneurs ont à cœur de développer une vision internationale du conflit en valorisant leur recherche des différents points de vue. Ce que les collectionneurs montrent en faisant le récit de leur travail est que ces traces, ces objets sont susceptibles d'interprétations diversifiées, que leur reconnaissance en tant que patrimoine n'est pas forcément considérée de la même manière localement, en région, en France ou en Australie. (...) Cette circulation des références se fait ici entre autre par l'activité de médiation (Gellereau, 2005) et de médiatisation, qui joue un rôle dans le processus de patrimonialisation ; les publics sont donc considérés comme des partenaires quand ils contribuent à attester de tel usage de l'objet, ou proposent une nouvelle interprétation ».


2 – Le rôle des collectionneurs et témoins dans la patrimonialisation des objets, la pérennisation des usages de l'objet comme trace de faits et de la vie des hommes

Notre analyse fait apparaître que les collectionneurs participent de manière essentielle aux processus de patrimonialisation des objets dans l'idée d'en faire vivre la mémoire.

Dans de nombreux cas, notamment dans les musées associatifs, la patrimonialisation des traces et objets s'effectue dans un travail de reconnaissance institutionnelle (Davallon, 2006), mais aussi par la capacité des acteurs de ces musées à transmettre leurs savoirs sur les objets et leurs usages (Chaumier, 2003), et de pérenniser leur collection dans une médiation capitalisable (par exemple en documentant les fiches d'inventaire, en participant à la création d'un thésaurus). Dans ces démarches, l'authenticité des objets-témoins devient un enjeu car ils sont porteurs des usages des hommes qui les ont utilisés, d'une mémoire des pratiques (Jeanneret, 2008) et certains collectionneurs sont considérés comme les meilleurs experts, et parfois appelés à identifier d'autres objets muséaux que ceux de leurs collections.

Plus qu'une transmission qui serait linéaire du passé au présent et au futur, ces acteurs développent un mode spécifique d'appropriation des objets, un travail de médiation qui expose les valeurs et le sens dont les objets se sont chargés au fil du temps et de leur travail. C'est une expérience de l'objet que nous transmet le collectionneur. Les collectionneurs, animateurs et témoins interviewés ne considèrent pas les objets comme un passé fossilisé, mais comme des données vivantes attestant de la guerre et de la vie des hommes. Cf. entretien avec M.D.
Tout bon collectionneur est intéressé par l'objet mais aussi par : « pourquoi a-t-il été fabriqué ? », « quel était son vrai usage ? ». L'étudier et le décortiquer, non pas à 100, mais à 200 %. [...] pour moi une collection se partage, se montre. Et au travers cette collection on a envie de faire passer un message. [M.D.]

Nous pouvons donc reprendre la notion de biographie culturelle de l'objet développée par Igor Kopytoff qui s'est intéressé à la vie culturelle et sociale des objets (Kopytoff, 1986), et suivre Nicholas J. Saunders sur l'importance d'établir cette biographie pour les objets de guerre (Cornish et Saunders, 2009). Valoriser le travail du collectionneur ou du témoin est une manière de constituer la biographie d'un objet encore vivant pour nous aujourd'hui, et qui souvent, n'a pas fini de « parler ».
La valorisation muséale devrait porter non seulement sur le caractère historique de l'objet, mais aussi sur la mission mémorielle que constitue sa mise en public. La médiation se réalise dans une chaîne de récits qui construisent une biographie culturelle des objets : les récits que l'on a recherchés et organisés au moment de la découverte, les récits que l'on a rassemblés pour interpréter l'objet (et l'on verra tout à l'heure que l'opération de nettoyage de l'objet peut être pleine d'enseignement), les récits que l'on va partager avec les connaisseurs et les publics.

L'objet raconte une histoire humaine, ce que montrent particulièrement les collectionneurs et animateurs qui recueillent les dons, ou certains donateurs. La mémoire est quelque chose de dynamique et pour intéresser les générations futures, il ne suffit pas que ce soit un homme qui parle ou de diffuser un témoignage, il faut témoigner de la vie humaine... C'est leur valeur mémorielle et leur intérêt dans les relectures du passé qui donnent l'épaisseur de la médiation.

Passe-temps de soldat, Artois 1915 (Coll. Steven-H.)
Passe-temps de soldat, Artois 1915 (Coll. Steven-H.)


Passe-temps de soldat (Coll. Steven-H.)
Passe-temps de soldat (Coll. Steven-H.)

Les découvertes ou redécouvertes se réalisent dans un creuset de récits qui permettent de leur donner un sens patrimonial. C'est souvent la reconstitution de leur histoire qui permet aux objets de prendre place dans un ensemble sériel de collection ou exposition, qui pourrait parfois être contesté par un conservateur. Un autre aspect est que les objets ne sont plus figés dans le passé : ils sont présentés comme ouverts à de nouveaux usages ou de nouvelles interprétations ancrés dans des représentations contemporaines. En articulant les différents niveaux, étapes et fonctions des récits qui accompagnent les objets-témoins, la narration des collectionneurs-médiateurs et des témoins permet de reconstituer ces récits biographiques des objets en en dévoilant toute l'actualité.

Dans plusieurs musées, le passage de la découverte à l'objet de musée est parfois mis en scène par des photographies montrant les étapes du travail ; des vitrines exposant des objets « bruts », rouillés, pris dans leur gangue de terre, ou comme à Ypres et Zonnebeke, des vidéos de la découverte des objets par les archéologues amateurs, ou encore comme à Seclin, des photos de découvertes. Il arrive aussi souvent que les recherches sur les objets conduisent aux familles de soldats ou aux victimes (Erquinghem, Loos en Gohelle, Fromelles...). L'objet appartient donc à une vie contemporaine et les publics sont souvent passionnés par cet aspect. C'est cette démarche importante que nous avons voulu valoriser dans de courts films expérimentaux destinés à être annexés à la fiche inventaire de certains objets (9).

Mais le choix d'objets à nous proposer pour montrer le travail du collectionneur, ne sera pas forcément celui du musée. Car il faut faire reconnaître ces savoirs à l'institution et aussi que certains collectionneurs acceptent de partager leur savoir ; pour certains, c'est à la fois un vrai travail et une affaire de passion, voire de révélation car, comme l'a exprimé un des collectionneurs, « tout est dans la tête » et il est difficile de se dessaisir de ce don. Cette compétence, acquise également par des animateurs de musées qui « travaillent » leurs collections sur un temps long (comme c'est le cas au Musée d'Harnes pour la collection d'affiches de la Seconde Guerre mondiale) se transmet difficilement. Ainsi, sans les collectionneurs, la collection n'existe pas, parfois le musée non plus et la conservation savante des traces non plus.

Affiche 1941 (Ph. Musée d'Harnes, Pas-de-Calais) Portraits 1941
Affiche 1941 (Ph. Musée d’Harnes, Pas-de-Calais)  


En guise de conclusion : des enjeux et pistes de réflexion...

Les contributions qui suivent vont développer d'autres aspects de notre recherche.

Une précision est par ailleurs à apporter à l'exposé de notre travail : nous ne sommes pas spécialistes des guerres mondiales et ne pouvons répondre à toutes les sollicitations qui ne manqueront pas de venir surtout avec le centenaire de 14-18 ; la question sur laquelle nous souhaiterions avancer à la fin du Symposium et pour l'année qui suit est : quelle est la spécificité de ce travail avec les collectionneurs et donateurs ? Que faut-il transmettre et valoriser en priorité, sous quelle forme ?

Je voudrais par ailleurs avancer quelques idées de réflexions à venir, à mener collectivement.
  • Au-delà des collectionneurs et témoins, sur le plan de l'interprétation dans les musées et sites, comme l'a souligné B Schiele (Schiele, 2012), un mouvement se développe depuis les années 1970 dans les musées et le monde de la culture, dont on a vu un effet important, celui de donner la voix à des acteurs qui ne l'avaient pas auparavant (Chaumier, 2003) ; un changement majeur est que l'on ne parle plus d'une seule voix dans les musées, que les voix sont multiples.
    Par rapport à nos enquêtes, il semble que si la parole des témoins est bien prise en compte (par exemple dans les musées de la Résistance, comme le montreront les interventions de G. Gawin, J. Le Marec (10), il convient cependant de réfléchir aux nouvelles modalités à mettre en place pour assurer la pérennité ; la parole des collectionneurs-médiateurs est essentielle pour que les objets gardent un sens humain et ne se fossilisent pas. Le rôle de collectionneurs-médiateurs et des témoins est de transmettre ce que les objets ont à dire, de repenser notre rapport aux collections exposées pour les rendre vivantes. C'est avec eux et aujourd'hui qu'il faut développer les modalités de capitalisation de leurs connaissance et expérience.

  • Nous souhaitons que ce travail permette de réfléchir également au rapport entre mémoire et histoire, comment capitaliser et sauvegarder la mémoire des acteurs quand ils ne sont plus là ou passent la main ?
    La mise en visibilité réalisée par ces travaux peut donner aux chercheurs et acteurs, qu'ils soient historiens ou muséographes, une occasion de se positionner vis-à-vis de cette sélection mémorielle et du rapport au passé construit lors de l'enquête.
    Dans cette valorisation, on voit que la réflexion sur le rôle de l'audiovisuel, des nouvelles technologies dans l'évolution des musées est importante, non seulement pour présenter des collections aux visiteurs, mais surtout pour la conservation des données recueillies et de la diversité des apports des différents acteurs. Là aussi, il semble qu'il y ait un axe de réflexion à continuer...
Daniel Cuvillier, collectionneur à Bray-sur-Somme (Ph. Olivier Saint Hilaire)
Daniel Cuvillier, collectionneur à Bray-sur-Somme (Ph. Olivier Saint Hilaire)



Bibliographie

CHAUMIER, Serge. Des musées en quête d'identité. Écomusée versus technomusée. Paris : Armand Colin, 2003, 272 p.

CORNISH, Paul and SAUNDERS, Nicholas. J. Contested objects. Material memories of the Great War / edited by Saunders, Nicholas J. and Cornish, Paul. London and New York : Routeledge, 2009.

DA LAGE, Émilie, GANTIER, Samuel, GELLEREAU, Michèle, LEBTAHI, Yannick, SMOLCZEWSKA-TONA, Agnieszka, ZETLAOUI, Tiphaine, in GELLEREAU, Michèle (dir.) (2012) Document de synthèse des résultats d'analyse de la phase étude du projet Temuse 14-45, Issu des présentations du Workshop des 6 et 7 juin 2011, Université de Lille3, Janvier 2012, 45 p.

DAVALLON, Jean. Le don du patrimoine. Une approche communicationnelle de la patrimonialisation. Paris : Lavoisier, 2006, 222 p.

GELLEREAU, Michèle. Les mises en scène de la visite guidée, communication et médiation. Paris : L'Harmattan, 2005, 279 p.

GELLEREAU, Michèle, ZETLAOUI, Tiphaine. « La figure du collectionneur-médiateur dans le processus de transmission patrimoniale de la mémoire de la Première Guerre mondiale », 18e Colloque bilatéral franco-roumain « Traces, mémoire et communication » Bucarest -30 juin au 2 juillet 2011.

GELLEREAU, Michèle (dir.) Rapport intermédiaire de recherche pour le contrat TEMUSE 14-45-déc 2010/janv 2011-Projet INTERREG Tranmussites - Département du Nord –chef de file-, Université de Lille3, 2011, 53 p.

GELLEREAU Michèle, « Le récit de témoignage sur les usages comme reconstruction du sens des objets », in E. Triquet (dir.), Le récit de médiation des sciences et des techniques, Culture et musées, n° 18, Actes Sud, 2012.

JEANNERET, Yves. Penser la trivialité. Vol. 1. la vie triviale des êtres culturels. Paris : Lavoisier, 2008, 267 p.

KOPYTOFF, Igor. « The cultural biography of things: commoditization as process », p. 6491 in The social life of things. Commodities in cultural perspective. Edited by Arjun Appadurai, Cambridge : Cambridge University Press, 1986, p. 64-91.

MORISSET, Lucie. K. « Des régimes d'authenticité. Essai sur la mémoire patrimoniale. » Rennes : Presses Universitaires de Rennes. Presses de l'Université du Québec, 2009, 136 p.

RANCIÈRE, Jacques. « Le partage du sensible », in Multitudes, juin 2007. http://multitudes.samizdat.net/

SCHIELE, Bernard. « Les trois temps du patrimoine », in Colloque International Patrimoines et humanités numériques : quelles formations ? les 21, 22 et 23 juin 2012 – Archives nationales (Pierrefitte) – Université Paris 8.




Notes

1. Les chercheurs qui participent au projet TEMUSE 14-45 sont pour le laboratoire GERiiCO de Lille3 : Michèle Gellereau, Émilie Da Lage, Yannick Lebtahi, Agnieszka Smolczewska Tona, Tiphaine Zetlaoui, Geoffroy Gawin (depuis octobre 2011), pour le laboratoire De Visu-UVHC (depuis mai 2012) : Pascal Bouchez, Samuel Gantier, Alain Lamboux-Durand et Sylvie Merviel.

2. Voir sur cette question la communication de Célia Fleury Usages et durabilité de réseaux transfrontaliers de musées des deux Guerres mondiales à l'aube de 2014.

3. Voir notamment dans ces Actes, les contributions de Paola Filippucci Témoins Muets/Mute Witnesses: ethnography and archaeology encounter the objects of the Great War, de Julien Mary Les musées de guerre testimoniaux... et après : quels objets pour quels discours ?

4. Voir notamment dans les Actes, les contributions de Célia Fleury, Gilles Michelot Le fort de Leveau : 20 années de collaboration avec les collectionneurs et Freddy Dolphin Vers une destination touristique respectueuse des réalités historiques : la mise en réseau des sites de la Grande Guerre du Nord de la France et Belgique. Par ailleurs, lors du Symposium une table ronde avec plusieurs animateurs de musées et collectionneurs a été animée par Hélène Priego du Musée de la Résistance de Bondues (cf. Programme du Symposium).

5. Geoffroy Gawin, Donations, médiations, témoignages : enquête dans les musées de la Résistance.

6. Gellereau, M. (dir.) (2011), Rapport intermédiaire de recherche pour le contrat TEMUSE 14-45-déc 2010/janv 2011- Projet INTERREG Tranmussites- Département du Nord –chef de file-, Université de Lille3, 53 p.

7. Da Lage, E., Gantier, S., Gellereau, M., Lebtahi Y., Smolczewska-Tona, A., Y, Zetlaoui, T., in Gellereau, M. (dir.) (2012) Document de synthèse des résultats d'analyse de la phase étude du projet Temuse 14-45, Issu des présentations du Workshop des 6 et 7 juin 2011, Université de Lille3, Janvier 2012, 45 p.

8. Gellereau Michèle, « Le récit de témoignage sur les usages comme reconstruction du sens des objets », in E. Triquet (dir.), Le récit de médiation des sciences et des techniques, Culture et musées, n° 18, Actes Sud, 2012.

9. Voir la contribution de Alain Lamboux-Durand et Pascal Bouchez, Protocoles de remémorisation audiovisuelle de l'expérience de collectionneurs, donateurs et témoins : exemples sur quatre sites du projet TEMUSE 14-45.

10. Le Marec, Joëlle, Une expérience de la transmission : rencontre avec des témoins anciens résistants au centre d'histoire de la résistance et de la déportation à Lyon.


Pas-de-Calais 1915 - Artisanat de tranchées (Coll. P.Lamy)
Pas-de-Calais 1915 - Artisanat de tranchées (Coll. P.Lamy)


Artisanat de tranchées (Coll.  A.R ) Propagande nazie (Coll. Musée de Bondues)
Artisanat de tranchées (Coll. A.R ) Propagande nazie (Coll. Musée de Bondues)



Insertion d'illustrations : Fondation Collectiana.

Crédits photos :
http://www.premiere-guerre-mondiale-1914-1918.com/
http://histoiresdunord.blogspot.be/2006_08_01_archive.html
Nordéclair, Musée d'Harnes, Musée de la Résistance de Bondues (Fort Lobau),
Olivier Saint Hilaire.


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